À bicyclette

« Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
À bicyclette
Nous étions quelques bons copains
Y avait Fernand, y avait Firmin
Y avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette… »
Paroles de Pierre Barouh, musique de Francis Lai, chanson popularisée par Yves Montand.
J »ai eu ma première vraie bicyclette à 8 ans: juste 2 roues, un modèle pour ados, un peu trop grand pour moi. C’était la fin des classes au mois de juin; j’avais obtenu le « prix d’excellence », les meilleures notes de mon groupe. Ma mère me dit: « Papa va te montrer quelque chose » ». Je suis mon père jusque dans la buanderie. J’ai beau regarder partout, je ne remarque pas, dans un coin, le vélo rutilant. Il s’agit d’une bicyclette « reconditionnée », pneus neufs, peinture refaite, assez belle pour ne pas attirer mon attention. Mon père fait un geste et je saisis l’ampleur du cadeau pour des gens sans moyens. Pendant 2-3 semaines, mon père me suivait, tenant la selle par derrière, pour m’éviter de perdre l’équilibre. J’ai fini par apprivoiser la machine J’ai conservé ce vélo pendant 6 ans, du primaire au secondaire. À 12 ans, je le trouvais adapté à ma taille et je le connaissais de fond en comble: je pouvais poser le câble des freins, changer un maillon de la chaîne, ajuster les rayons d’une roue, ajouter un porte-bagages, changer à ma guise, guidon, selle ou garde-boue juste avec une petite trousse comportant un tournevis, deux clés et un ensemble de réparation en cas de crevaison (râpe, colle, rustine). Cette petite trousse se fixait en arrière de la selle). Lors d’une crevaison, on enlevait la roue et on se servait des 2 clés du côté « décapsuleur » pour séparer la chambre à air du pneu. Puis, on gonflait légèrement la chambre à air et on la plongeait dans un seau d’eau en tournant jusqu’à apercevoir le chapelet de bulles situant la fuite. À l’aide d’un crayon, on cernait l’orifice. La chambre à air vidée, on râpait autour du trou pour enlever un peu de caoutchouc (la rustine allait compenser) et permettre à la colle de mieux agir. Un peu de colle en tube, quelques minutes d’attente, une rustine de la bonne grandeur, on pressait avec nos pouces sans bouger pendant une dizaine de minutes et hop! le tour était joué. La rustine, bien choisie, semblait littéralement se fondre dans le caoutchouc, s’il était bien râpé. Pour le montage, on replaçait le chambre autour de la jante en ajustant le petit tube de pompage. On gonflait un peu pour éviter, en replaçant le pneu, que ce ce dernier ne pince la chambre. On se servait des « décapsuleurs » pour remettre en place le pneu. Quelques coups de pompe à air, une pression du pouce pour s’assurer d’un gonflage adéquat et voilà.
À 14 ans, j’ai obtenu mon B.E.P.C. (Brevet d’études secondaires) avec mention « bien ». Mes parents m’ont offert une bicyclette Peugeot 12 vitesses (2 sur le braquet avant, 6 sur la roulette arrière) complètement équipé avec lumière avant-arriére alimentée par une dynamo, porte-bagages servant de porte-personne; il y avait même un filet protégeant les pieds du passager des rayons de la roue arrière (ou l’inverse): la Mercedes des vélos. J’y ai fait mes plus longues balades en vélo avec mes amis, allant jusqu’à l’Orange, à environ 30 km de Sidi-Bel-Abbés sur la route d’Oran, pour y déguster une crème glacée. Sur cette bicyclette, j’ai promené Sylvie, ma première copine, j’ai fait l’école buissonnière, j’ai défié la police et le couvre-feu en 1962. Ce vélo est resté en Algérie. En 1975, à Rimouski, où je venais d’obtenir un emploi, j’ai racheté un vélo identique, vu chez un marchand qui n’avait pas trouvé acheteur. Je l’ai encore aujourd’hui mais ma copine aime dire que c’est son « bicycle »!

A propos denis3r

Trois-Rivières
Cet article a été publié dans Journal. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire